Adieu mémoire
Quand le téléphone sonna, l'homme aux cheveux d'argent demanda à la jeune femme si elle voyait un inconvénient à ce qu'il réponde. « Pas du tout ! » Répondit-elle. « vous êtes chez vous. Votre état ne vous empêche sûrement pas de répondre au téléphone. »
Il s'empressa alors de saisir fermement le combiné et le porta à son oreille :« Allô, oui ? »
Il fronça alors les sourcils, se concentrant sur son écoute, le regard dans le vague. Il acquiesçait par des mmm, réfutait par des nons hésitants pendant que son correspondant semblait s'installer dans une conversation familière.
De temps à autre, il sortait des « je ne sais pas » des « je ne le connais pas »un « ah bon ! Merci ».
La jeune femme n'y prêtait guère attention, tout à la lecture du magazine qu'elle tenait entre ses mains.
Quand elle l'entendit s'exciter et crier « non, je ne me rappelle pas ! », elle se rapprocha rapidement, lui enleva l'appareil pour s'adresser à la personne à l'autre bout du fil « Allô, mr Gérard est malade et vous semblez l'importuner. Je suis dans l'obligation de raccrocher. »Ce qu'elle fit« Qui était-ce ? » lui demanda-t-elle.« Il affirme être Pierre, mon fils aîné. » murmura-t-il doucement.
Elle poussa un long soupir, lui passa la main dans les cheveux. Elle pensait que ce n'était pas demain qu'il recouvrira une partie importante de sa mémoire, sa famille. Bien que chevronnée et dotée d'un mental à toute épreuve, l'assistante de vie ne parvenait pas à s'habituer à Elsheimer.