momospleen

descendre la rue de la ré

Descendre la rue de la Ré. D’abord, pousser la porte puis tourner à droite et déjà je suis assailli par les odeurs. Parfums de femmes, quelques uns plus agressifs que d’autres, à croire qu’elles sentent vraiment mauvais pour s’asperger autant ; relents de kebab et de fritures, effluves inopportuns pour celui qui, comme moi, sort de table.

           Ensuite la foule; trottoirs encombrés, boutiques bondées, cette jeune fille agrippée à son portable, symbole d’un monde où parler est vital même si on dit tout et n’importe quoi.

           Plus loin, le Monoprix et ces cinq têtes pareillement teintées de blond, sortant de chez le coiffeur sans doute, s’achetant quelques pacotilles, meublant un après-midi de course. Ce qui marque bien pour un samedi.

           Encore plus loin, à quelques pas d’un autre snack, la boutique de la fortune où se bousculent, sans sourire, ceux qui s’achètent du rêve, le rêve que demain sera différent.

         Arrivé à l’angle de la rue, je remarque que le distributeur de préservatifs, auparavant accolé au mur de la pharmacie, n’y est plus, peut être victime d’un dépit amoureux. Par contre, la banque est encore en face, l’agence de voyage aussi.

         Je continue à marcher, au milieu du brouhaha ambiant et des terrasses de cafés où j’aperçois Stella et fais un petit signe à Sina. Deux jeunes gens que je connais mais qui ne se connaissent pas. Drôle ! Car leur galère est identique.

         Enfin la Chambre de Commerce puis le cloître, enfin je m’extirpe du monde de la grande bouffe pour me glisser dans le silence d’un monde où on ne joue pas des coudes. Des sculptures dans une cour jonchée de feuilles jaunies. Un silence qui m’interpelle.

         Des photos accrochées aux murs. Vision d’une planète si belle que la misère y semble moins meurtrière. Images d’immensités où  la bête humaine apparaît si futile et si dérisoire. Où la nature reprend ses droits assez souvent. Mais où l’homme persiste et signe.

         Car une de ces images, de merveilles à jamais disparues, me replonge dans mon angoisse et je me repose la question : Où va le monde ?



28/12/2010
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