geôle
Geôle.
A chaque fois, ce triste souvenir ressurgit du passé
Quand je les vois, je ne sais ce qui me passe par la tête
Cette longue procession d’êtres blafards, livides, prisonniers
Qui défilent au pas, puis, à l’éclat d’une voix, s’arrête ;
Comme si la vie s’est arrêtée.
Je me revois alors, à vingt ans et le regard mort.
De mes proches, de mes amours, soudainement absent,
Moi, jeune et insolent, qui me pensais si fort,
Je me suis retrouvé à égrener les jours inutilement.
Dans le vrai monde, j’avais perdu ma place
Et, brutalement, plongé dans l’abîme.
Me raccrochant à des pensées intimes
Dont les contours, peu à peu, s’effacent.
Pourquoi ai-je si longtemps gardé mon âme d’enfant ?
Pourquoi ai-je cru que la vie n’avait rien d’hostile ?
Pourquoi ai-je souscris, qu’à l’idéal, nul ne ment ?
Sans réponses, le temps reste suspendu, et moi, immobile.