momospleen

technicien à Fr......

                    En écrivant ces mots, je tiens à souligner que ma décision est irrévocable et définitive. Oui, j'en suis sûr. Demain, je partirai. Où, je n'en sais rien encore. J'ai toute la nuit pour fignoler les détails. Quoi que les idées ne se bousculent pas dans ma tête. Quand Bernard m'a remis la lettre ce matin, un frisson bizarre m'a parcouru. Je pressentais ce que j'allais y découvrir.

                  Je ne me trompais pas. Je suis licencié.

                 Tout le bla-bla sur la crise financière que traverse l'entreprise, les regrets de mon patron qui me reconnaît quand même des compétences indéniables et s'engage à me recommander auprès d'éventuels recruteurs. Tout cela, je l'ai survolé dans un état second.

                 Abattu et désespéré, j'ai passé l'après-midi à essayer de parvenir à une solution qui me permettrait de surmonter les malheurs qui se profilaient. Les traites de la maison, le train de vie de ma famille, comment tout assumer? pas de réponses.

                 Retrouver un emploi à mon âge ? quelle chimère par les temps qui courent. Surtout, comment annoncer cela à ma femme ? je l'ai confinée à un rôle de mère et de maîtresse de maison, me chargeant d'assurer la manne financière, comment lui avouer, aujourd'hui, que j'en suis incapable ? c'est trop difficile et je ne m'en sens pas la force.

                  Donc je ne dirai rien. Mon seul échappatoire est mon assurance sur la vie. Je commence à entrevoir l'issue. Le jour se lève. Je me dirige vers mon bureau et ouvre le tiroir fermé à double tour. Il est là. Je le saisis, le serre dans ma main, m'imprègne de son implacable froideur, le porte à ma bouche.



28/12/2010
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