momospleen

Tueur à gages

   

           

            Le matin, je ne mange rien, jamais rien. Du café noir et des cigarettes. Rien de tel pour remettre en route le manège des méninges. J'en use et abuse, ce que me reprochait mon toubib favori qui me prédisait des lendemains macabres…Il ne se trompait pas. Je ne me suis jamais si bien porté, ce qui n'est pas son cas puisqu'il repose en paix, quelque part, après  un infarctus non désiré.

           

J'avoue qu'il me manque. Il va falloir lui trouver un remplaçant très vite. Vous me direz que les médecins foisonnent sur la place publique. Ouais ! Vu mon état de santé, les consultations m'importaient peu. Par contre, les commandes ont disparu. Faut que j'explique.

           

Voir tarir la source de ses revenus n'a rien de réjouissant. Dans mon métier, il faut prendre énormément de précautions, donc éviter tout risque de délation sinon c'est la ballade dans une cour de prison. D'où la difficulté de mettre la main sur un commanditaire fiable. De préférence, un praticien véreux et renommé.

 

Je suis tueur professionnel. Pas n'importe quel tueur. Un qui a du cœur, dont le salaire ne sent pas mauvais.

 

Mon dernier contrat, avant que mon docteur n'aille Ad Patres, était hospitalisé à Bichat. Au service de cancérologie. Quelques jours seulement à survivre.

 

Sur son lit, dans une chambre isolée, perforé de partout, il n'était même pas conscient quand je lui ai tiré deux balles dans la tête, ma marque de fabrique, prenant soin de ne pas toucher le visage où j'ai cru déceler un léger sourire.

 

Vous vous demandez pourquoi ? Puisqu'il allait mourir de tout façon. Voilà, il souffrait trop et ne pouvait pas se suicider, clause de son assurance vie. Il eu recours à mes services afin de garantir un bon pactole à ses proches. L'obole qui me fut versée est amplement méritée, on me considère même comme un bon samaritain.

 

 



13/08/2011
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