momospleen

un autre monde

 

                  Cher Paulo,

 

Te dire que je m'éclate serait un doux euphémisme. Aucun mot ne peut te retransmettre exactement ce que je vis depuis bientôt dix ans. Il a fallu que je redécouvre les grèves et les manifs à la télé pour que ton souvenir me revienne. Il est vrai que je ne suis plus concerné par la SNCF et la RATP mais je me rappelle ces aubes grises que l'on a partagées en co-voiturage dans des bouchons interminables pour arriver à la bourre à nos minables boulots dans les chaînes d'assemblage.

Tout cela me semble être un mauvais rêve, aujourd'hui. Mis à part les limousines et mon jet privé, je ne connais que le dromadaire comme autre moyen de transport. Moyen que j'utilise parfois pour faire le tour de mon domaine quand je suis fatigué du Range Rover. On a l'équitation qu'on peut. Mes chevaux à moi sont des purs-sangs et vivent à Ascot où je me rends quand j'ai du temps.

Je ne contrôle plus la production de mes derricks, j'ai un administrateur qui s'en charge, je me contente de jeter un coup d'œil sur les comptes de temps à autre. Il faut avouer que ma fortune s'accroît tellement que j'ai du mal à y comprendre quelque chose.

La semaine dernière, j'ai eu, quand même, un peu de boulot. J'ai dû me rendre à une exposition de mes tableaux de maître au Musée contemporain de New York, puis à l'inauguration du nouvel hôtel que j'ai acheté à Megève.

J'espère te revoir, si je ne t'oublie pas d'ici là, au prochain Grand Prix d'Amérique à Paris.

Certains rêvent d'un oncle d'Amérique ; moi, j'ai eu droit à l'oncle de Dubaï. Ainsi va la vie…

 



28/12/2010
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 5 autres membres